Pourquoi certains retraits de REEE sont-ils imposables ?
- gaudreauleclerc
- 16 mai
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Dernière mise à jour : 30 juin
Quand le bénéficiaire commence ses études postsecondaires et que les retraits débutent, le souscripteur doit indiquer à partir de quelle portion du REEE il souhaite retirer des sommes.
Publié le 10 mai 2025

Pourquoi les retraits par un jeune bénéficiaire d’un REEE sont-ils imposables, alors que les sommes déposées par le souscripteur ont déjà été imposées ? Merci.
Jean Gervais
Cette question est tout à fait légitime, car il est vrai que la personne qui cotise à un régime enregistré d’épargne-études (REEE) a déjà été imposée sur les sommes qu’elle y dépose. Il faut d’abord savoir que l’argent qui se trouve dans un compte REEE au moment du retrait est divisé en deux portions :
Les cotisations qui ont été ajoutées par le souscripteur au fil des ans, qui ont déjà été imposées ;
Le reste de l’argent, composé des revenus de croissance ainsi que des subventions gouvernementales, qui n’a jamais été imposé.
Quand le bénéficiaire commence ses études postsecondaires et que les retraits débutent, le souscripteur doit indiquer à partir de quelle portion du REEE il souhaite retirer des sommes.
Si le retrait est fait à partir des cotisations, il n’y aura aucun impôt à payer, peu importe que l’argent aille dans le compte de l’étudiant ou que le souscripteur décide de le récupérer.
Paiements d’aide aux études
C’est lorsque les retraits proviennent de l’autre portion du compte, ce qu’on appelle les paiements d’aide aux études (PAE), que les sommes sont imposées, et ce, au nom de l’étudiant.
« Le jeune va recevoir un feuillet d’impôt pour ça, parce que ces montants sont constitués des subventions et de la croissance, et ils n’ont pas été imposés tant qu’ils sont dans le compte », résume Benoit Gaudreau, conseiller en placement pour iA Gestion privée de patrimoine.
Dans un monde idéal, on sort donc l’argent des PAE au moment où les revenus de l’étudiant sont les plus faibles pour que le jeune paie le moins d’impôt possible sur ces sommes.
« Habituellement, c’est pendant qu’il est au cégep que le jeune a les moins gros revenus, donc c’est là qu’on voudrait retirer le plus de paiements d’aide aux études. Mais c’est aussi là qu’il en a le moins besoin », souligne Benoit Gaudreau, dont la firme Gaudreau Leclerc Groupe d’investissement se spécialise notamment dans la gestion des REEE.
C’est que les droits de scolarité au cégep sont bien moins élevés que ceux qui devront être payés à l’université, et qu’il y a plus de chances que le jeune habite encore chez ses parents. Il peut donc être tentant de reporter les retraits, surtout si on ne connaît pas bien les modalités d’imposition.
« Ce que je recommande aux gens, c’est de faire le retrait de paiement d’aide aux études en premier. Le jeune commence habituellement ses études à l’automne, donc on a une bonne idée de ses revenus d’emploi étudiant pour l’année. Si par exemple il a gagné 10 000 $, on peut choisir de retirer 6000 $, parce que son revenu annuel ne dépassera pas le seuil imposable », explique Benoit Gaudreau.
Pour l’année d’imposition 2025, le seuil s’élèvera à 16 129 $ au fédéral et 18 571 $ au provincial.
Si l’étudiant n’a pas besoin de l’argent retiré dans l’année et qu’il a atteint l’âge de 18 ans, il peut être intéressant de lui ouvrir un CELI et d’y verser l’argent pendant ses études, pour qu’il puisse croître à l’abri de l’impôt.
Si le souscripteur craint que l’argent soit mal utilisé par le jeune, il peut demander à l’institution financière de verser l’argent dans son propre compte – même s’il est imposé au nom de l’étudiant – et ensuite gérer la vitesse de transmission à l’étudiant par lui-même, souligne Benoit Gaudreau.
Choix des études
La stratégie de décaissement peut être influencée par les études choisies par le jeune. S’il prévoit s’inscrire dans un programme universitaire comprenant des stages payés, son revenu sera bien plus élevé à l’université, donc il y a de bonnes chances qu’il paie de l’impôt sur les paiements d’aide aux études. Un retrait rapide des PAE est encore plus pertinent dans ce cas.
Et si ses études s’annoncent plutôt courtes, il ne faut pas traîner pour le retrait des PAE. Il vaut mieux payer de l’impôt sur ces sommes que les laisser dans le compte, parce que si elles ne sont pas utilisées, les subventions retourneront au gouvernement. Si les revenus liés à la croissance ne sont pas retirés, le titulaire peut par exemple les envoyer dans son REER s’il lui reste de l’espace de cotisation, mais sinon, ils seront imposés avec un taux supplémentaire, souligne Benoit Gaudreau.
En bref, les sommes comprises dans un REEE ne seront pas imposées deux fois, et il faut veiller à retirer celles qui n’ont pas encore été imposées au moment où on estime que l’étudiant a le moins de revenus.


